Exposition : « Hypersensible » : troublantes rencontres au Musée d’arts de Nantes

« Hypersensible » ? Le titre de l’exposition du Musée d’arts de Nantes en résume l’esprit.  « Sensible » évoque la nature du travail artistique comme son effet sur le visiteur.  « Hyper » résonne avec le courant d’art qui souffle ici. L’hyperréalisme est né après guerre en réaction à l’abstraction et au déferlement d’images (déjà).  On savait comment la peinture avait relevé le défi, en produisant des tableaux ironiques et « plus vrais que nature » de l’American way of  life. Plus méconnue et active depuis les années 60, la sculpture est mise à l’honneur. Vivifiée par les effets spéciaux (du cinéma d’horreur), la technique a ajouté le silicone et de vrais cheveux à des cordes qui en appelaient au plâtre, à la porcelaine, à la cire ou au cuivre. Ajoutez des emprunts à la peinture et les pigments couleur chair recouvrant les œuvres comme de la peau humaine. L’effet saisissant est garanti.

Des nus féminins tiennent la pose comme à l’atelier du peintre. Une pompom girl à la tenue clinquante, au visage défait, regarde ailleurs. Un ensemble spectaculaire de corps juvéniles, habillés, visages masqués, s’essayent à une figure autant collective qu’acrobatique. Une vieille dame digne se tient debout, une montre au poignet soulignant l’inéluctable. En face, deux nourrissons, comme à peine nés... Les poses instables, appelant le mouvement, ajoutent au trouble d’une confrontation avec le double de nous-mêmes. La quarantaine d’œuvres réunies exceptionnellement jusqu’au 3 septembre attisent autant la curiosité, le rire que la méditation sur la vie ou la réalité. À chacun de voir. 
Parfois, un visiteur figé est confondu avec une œuvre. Ou l’inverse. À l’ère du « fake », cet art-là relève haut la main le gant du « trompe-l’œil ».

Infos : www.museedartsdenantes.fr. Gratuit chaque premier dimanche du mois et le jeudi à partir de 17 heures.