Le mémorial à l’abolition de l’esclavage de Nantes

Nantes fut l’un des plus grands ports négriers européens avec Liverpool, Londres, Bristol, et le plus grand port négrier français en nombre de départs de bateaux pour le commerce triangulaire : 1714 au total.

Depuis le début des années 1990, avec la grande exposition des Anneaux de la mémoire, Nantes a investi son passé négrier à travers de nombreuses initiatives de la ville, des associations et des autres institutions. Ainsi, suite aux commémorations du cent-cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage, en 1998, la municipalité, avec les associations, a initié un projet de mémorial. Celui-ci érigé quai de la Fosse sera ouvert au public le 25 mars prochain, sur les lieux mêmes d’accostage des navires du commerce triangulaire. Il est conçu comme un cheminement méditatif. Il est l’œuvre d’un artiste polonais installé aux Etats-Unis, Krysztof Wodiczko, connu internationalement pour ses réalisations invitant à une prise de conscience sur les grands drames qui déchirent l’humanité. Depuis 2006, le 10 mai, journée nationale de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, est désormais inscrit dans le calendrier municipal et départemental avec la création d’un collectif dédié. Enfin, depuis février 2007, le musée du Château des Ducs de Bretagne propose sept séquences chronologiques et thématiques dont une consacrée au passé négrier de la ville.

Les élus communistes ont, naturellement, dès le début, manifesté leur soutien à cette démarche visant une ré-appropriation par les nantais de leur mémoire collective. Le choix effectué par la municipalité d’implanter un mémorial fut un choix courageux, résistant aux polémiques qui n’ont pas manqué de naître en particulier sur le fait d’affronter une réalité non assumée par certains : les familles nantaises qui se sont livrées au commerce triangulaire et qui ont contribué ainsi à l’enrichissement de la ville

Yann VINCE